La Maison des Pages de Camille Aubaude

Cette maison du XVè siècle est remarquable par sa hauteur, qui est due au fait que la maison est adossée à la roche. Construite sur un site néolithique, en respectant les forces de l’équilibre naturel, la Maison des Pages sort littéralement de la roche.

Le premier choc est de la voir surgir d’un étroit sentier qui s’ouvre sur un édifice haut de trente-cinq mètres. On éprouve un deuxième choc en voyant la structure discontinue creusée dans le roc, et un troisième en découvrant qu’il y a un parc au-dessus, relié au château.

La roche a différentes phases d’évolution, et elle continue de se transformer. Il y des parties friables et des parties très dures. La pierre de tuffeau est difficile à conserver. Les murs sont très épais, la structure est labyrinthique, et se développe sur trois axes, vertical, horizontal et en profondeur.

La construction est en bois, un matériau qui retient l’humidité et qu’il faut entretenir. Les serrures sont d’origine. Les éléments décoratifs autour des fenêtres datent de la Renaissance. Les deux fenêtres étaient à meneau. La maison témoigne d’une longue histoire, et l’unique exemple d’architecture similaire est l’étrange château de pierre du site troglodyte de Jonas, en Auvergne, qui fut abandonné au XIIe siècle. Les pressoirs de la Maison des Pages ont pu être creusés en des temps encore plus éloignés.

Sur la droite se trouvaient les anciennes écuries, et au-dessous, les caves à bateaux. Les deux fenêtres de la pièce au carrefour des chemins sont les seules à être dans le roc.

À l’intérieur, le plan est labyrinthique. La salle du rez de chaussée aux proportions traditionnelles pouvait être une ancienne cuisine avec un four à pain. Les conduits de cheminées constituent la colonne vertébrale de la maison. En entrant dans le pressoir, on découvre un imposant ensemble de sculptures, riche en symbolique. Les corps humains évoquent des sculptures romanes autant que les corps de lave de Pompéi. Il y a des masques du théâtre grec. Un christ dionysiaque et Lilith avec le boa primordial parachèvent une bacchanale. On remarque les grappes de vigne, les colombes de la paix et une fleur de lys bien conservée.

Le pressoir témoigne de l’activité de production de vin. En 1993, il a fallu déblayer les éléments en bois d’un second pressoir situé derrière l’actuelle cuisine. Le pressoir sculpté est relié à la pièce au carrefour des chemins par un escalier taillé dans la pierre.

La Maison des Pages est un site privilégié d’observation sur la Loire.

Crédit photos :

Propriétés de la Fondation Maison des Pages-Camille Aubaude

 30 rue Beaubourg, 75003 PARIS